LAMPES A HUILE LEVANTINES OU SYRO-PALESTINIENNES
Par ce terme, on entend l'ensemble de la côte du Levant jusqu'à l'Euphrate, Syrie, Liban, Israël-Palestine, Jordanie, Sinaï, pour l'époque ancienne où les États actuels n'existaient pas.
TYPE KENNEDY 3, HADAD 4 - Lampes Hérodiennes
Ier s. av. J.-C. - IIe s. apr. J.-C.
La caractéristique du type est un réservoir circulaire tourné, un grand trou de remplissage cerné d'un bourrelet, un bec rapporté, spatulé, à l'extrémité en bras d'ancre. Traces d'ébarbage sur les côtés du bec et du réservoir. On distingue deux variantes : la première, la plus abondante, groupe des lampes sans anse ni décor ; la seconde, des lampes avec ou sans anse, montrant des motifs incisés sur le bec. Quelques lampes ont un bandeau orné de lignes ondulantes. Les lampes à plusieurs becs ou montées sur un manchon sont rares.
Datation : on a longtemps considéré que le type était apparu avec le début du règne d'Hérode. Mais son absence à Jérusalem, dans des fouilles récentes de contextes datant de cette période indique peut-être que le type n'apparut que vers la fin du règne d'Hérode. Il prend fin vers le milieu du IIe s ap. J.-C. Production locale, le type eut une distribution géographique limitée. Commun en Judée il est plus rare au nord de la Palestine et en Transjordanie
TYPE ELGAVISH 4, HADAD 6
Ier s. av. J.-C. - Ier s. apr. J.-C.
TYPE KENNEDY 5, HADAD 7
Seconde moitié du Ier - IIIe s. apr. J.-C.
Le type est caractérisé par un réservoir circulaire peu profond, sans anse, un bandeau souvent orné de doubles volutes placées horizontalement et de motifs de hache-double. Mais il peut avoir un décor d'oves, de triangles en relief ou de feuilles.
Son bec court et rond a la forme ovale Bus. 1 ou 10. Le décor du disque est très varié.
Le type est diffusé avant tout en Israël, Palestine et Syrie. Apparu à la seconde moitié du Ier s. apr. J.-C. il dure jusqu'à une période bien avancée dans le IIIe s.
LAMPES "DU DAROM" ET "DE GERASA"
Ier - IIIe siècle apr. J.-C.
Il s'agit, selon tous les spécialistes, de l'évolution parallèle, au cours du dernier quart du 1er siècle après J.-C., des lampes de type hérodien, dont elles adoptent la morphologie générale du réservoir et du bec, associée à la pratique du moulage, qui a permis aux potiers levantins de transformer cette forme simple en oeuvre d'art fortement inspirée des lampes romaines contemporaines, à savoir de larges volutes saillantes entourant le bec ainsi qu'une petite anse ronde placée à l'arrière (cf. Rosenthal et Sivan 1978 : 82).
Le rendu iconographique, très riche et soigné, reste néanmoins réparti sur une épaule plate ou légèrement convexe, disposé en cercle tout autour d'un grand trou de remplissage central.
Ce type de lampes va connaître un succès considérable, aussi bien en Terre Sainte que dans les sites de la Décapole, d'ou, en fonction de leur origine, les deux noms qui leur ont été attribués, "du Darom" à savoir du sud d'Israël, ou elles semblent avoir été inventées, et "de Gerasa" tant ce type sera apprécié et produit à Jérash.
Ces deux indications géographiques ne doivent cependant pas éclipser les innombrables variantes régionales du type, produites aussi bien au nord d'Israël et dans la zone côtière allant de Césarée au sud du Liban, et jusqu'au IIIe siècle apr. J.-C., comme le démontre l'étude exhaustive du type et de ses variantes régionales (Sussman 2012 : 94-141).
(Chrzanovski 2019)
Ier siècle apr. J.-C.
Ier - IIe siècle apr. J.-C.
IIe siècle apr. J.-C.
LAMPE DE LA VALLEE DE L'EUPHRATE
IIIe siècle apr. J.-C.
Ce type de lampe est vraisemblablement une invention des ateliers de Doura Europos. Il vient imiter les lampes tardo-romaines syriennes à bec allongé, dont il adopte la forme Waagé 51 tout en reprenant, autour du trou de remplissage, le thème des pampres de vigne, réduit à un rendu stylistique très particulier. Ce type particulier semble avoir connu un certain succès au cours du 3e siècle ap. J.-C., tandis que des lampes à la forme proche et au rendu iconographique semblabe sont attestées ausii bien à Antioche qu'à Ephèse, deux séries de lampes datées entre le 3e et le 4e siècle ap. J.-C.
(Chrzanovski 2019)
TYPE PROCHE DE KENNEDY 10, HADAD 16
IVe - Ve s. apr. J.-C. (Hadad).
Le bec et l'anse font partie du corps ovale de la lampe ( bi-lanceolate lamp). Fort trou de remplissage cerné d'un bourrelet. Bassin peu profond. Le dessus de la lampe est décoré de motifs géométriques en léger relief, chevrons, losanges, lignes, cercles, motifs en V et globules. Argile chamois, couverte brun rouge. Base plate ou légèrement convexe et parfois cernée par un filet circulaire.
TYPE KENNEDY 17 ET 19, HADAD 28, lampes au chandelier ou lampes pantoufles
IVe - VIIIe siècle après J.-C.
Type caractérisé par : un réservoir biconique profond sans anse ou tenon de préhension ; un dessus convexe orné de traits obliques en relief ou de lettres grecques ; un grand trou de remplissage cerné par un bourrelet circulaire ; une base annulaire. La pâte est brun clair, rose ou rouge. Une croix à branches évasées, ou une palme qui évoque le chandelier juif à sept branches, a donné une de ces deux appellations à ce type de lampes. Le motif qui figure sur le haut du bec est relié à un bourrelet qui entoure le trou de remplissage. Les inscriptions en caractères grecs, sont des variations de l'eulogie "La lumière du Christ brille pour tous"
La diffusion du type est limitée à la Palestine. Rosenthal et Sivan distinguent deux groupes dans le type : les lampes de petite taille, datées des IVe et Ve s. et celles de grande taille ou les inscriptions sont fréquentes, datées aux Ve et VIe s. Toutefois le deuxième groupe perdure jusqu'aux premières décennies du VIIIe s. en période islamique voir par exemple Pappalardo 2008, 563, et 565, fig. 2
LAMPES TARDIVES PIRIFORMES A BEC POINTU DE SYRIE ET DE JORDANIE
Datation entre le Ve et la fin du VIe, voire au VIIe siècle apr. J.-C.
Ce type de lampe est caractérisé par un réservoir en forme de goutte, à profil biconvexe, et à bec pointu intégré au réservoir de la lampe. La partie supérieure, bombée, comporte un large trou de remplissage entouré d'un bourrelet en reliet tandis qu'un haut bourrelet en V entoure·toute la partie supérieure du bec, elle aussi décorée. L'épaule, très convexe, est presque toujours décorée de rayons en relief et munie à l'arrière d'une petite anse conique verticale, tandis que la base, plate, est souvent ornée de motifs géométriques. Vraisemblablement né en Palestine, ce type connait un tel engouement qu'on le retrouve massivement produit au Liban, dans la Décapole, à Palmyre, au Nord de la Syrie et même jusqu'en qu'en Mésopotamie.
Des exportations, voire des variantes locales, sont attestées dans tout l'Orient Méditerranéen, en Asie Mineure et jusqu'à Constantinople d'une part, en Egypte d'autre part. Une exception notoire semble être constituée par Chypre, où le vaste corpus réuni au Musée National ne comporte aucune lampe de ce type.
Si l'on en juge par les catalogues publiés, ces lampes sont bien attestées, quoiqu'en faible quantité, en Syrie méridionale, à Bosra ainsi que dans la Vallée de l'Oronte, à Hama, où certaines d'entre elles sont considérées comme des productions locales datées entre le milieu du VIe siècle et le second quart du VIIe siècle tandis qu'à Antioche, elles sont considérées comme «the VI century lamps par excellence». Dans la vallée de l'Euphrate, sur le site d'Anab Safina, ce type se taille la part du lion parmi les neuf formes recensées entre le Ve siècle et la période islamique, constituant environ 22% des exemplaires issues des fouilles de la Mission polonaise, datés entre le Ve et la fin du VIe, voire au VIIe siècle.
(EX ORIENTE LUX)
LAMPES NORD-JORDANIENNE -TYPE "PROTO-JERASH"
Ve - VIe siècle apr. J.-C.
Lampes de forme ovoïde, au corps biconique et à la partie supérieure très bombée, entièrement décorée, et munies à l'arrière d'une petite anse en forme de spatule ou même, quelquefois, de forme presque conique. Ce groupe de lampes, défini par l'épithète de "North Jordan lamps", constitue une création des ateliers de la Décapole, peut-être même originaire des puissantes manufactures de Jérash. Plusieurs moules destinés à produire de telles lampes ont été découverts dans les comblements de la cavea de l'hippodrome de Gerasa, dont les partiés construites furent réutilisés à l'époque tardive pour toute sortes d'activités artisanales. Toujours à Jérash, des moules destinés à produire de telles lampes, ainsi que des lampes similaires, ont été exumés lors des fouilles de l'Eglise dite "de l'évêque Marianos",dans les vestiges d'un atelier de potier situé en face du temple de Zeus, ainsi que dans une zone résidentielle du decumanus méridional.
Géographiquement, les lampes de ce groupe n'ont connu qu'une expansion très limitée, puisqu'elles n'ont été répertoriées, hors de la Décapole, qu'à Jérusalem, à Beersheba et à Capharnaüm, pour ce dernier site en très petit nombre. Au sein même de leur zone natale, leur distribution quantitative semble très inégale : on n'en recense que deux à Bet Shean, elles ne constitueraient que 2% des lampes de la période tardive à Pella, tandis que les exemplaires de Jérash sont légion, de même que ceux inédits, de Beit Ras (Capitolias), qui exèdent la centaine d'individus. La seule fouille des thermes d'Hammat Gader, près de Gadara (Umm Qeis), à livré 43 exemplaires, issus d'un contexe daté du milieu du Ve siècle au VIe siècle ap. J.-C.
La datation du type reste à ce jour problématique. En règle générale, les spécialistes s'accordent pour lui attribuer une naissance au Ve siècle et une durée de production comprenant l'ensemble du VIe siècle, n'écartant pas, toutefois, une persistance comprenant les premières décennies du VIIe siècle.
LES LAMPES DE JERASH
VIe - VIIIe siècle apr. J.-C.
Ce groupe constitue l'apogée, aussi bien dans l'innovation, la production et la diffusion des ateliers de la ville du même nom, au début du VIe siècle ap. J.-C.
Si ce type reprend, en grande partie, la forme des lampes du type nord-jordanien (dit aussi «proto-Jerash») étudié supra, à savoir un réservoir au profil caréné, de forme ovoïde incluant le bec, à la partie supérieure bombée percée d'un large trou de remplissage entouré d'un bourrelet, il s'en distingue par u ne forme plus allongée et, surtout, par une anse recourbée, terminée en forme de tête zoomorphe.
Ce détail stylistique constitue peut-être l'élément clé pour comprendre le succès de ce type, produit en tout cas jusqu'à la période Abbasside et diffusé massivement dans toute la Décapole et au-delà. Plus encore, il a été souligné que la tête zoomorphe prononcée n'a pas suscité de rejet de la part du nouveau pouvoir musulman, survivant sans peine au changement politique entraîné par l'arrivée des Omeyyades, mais surtout aux dynasties successives.
A Jerash, outre l'immense quantité de lampes de ce type mises au jour, plusieurs moules ont été découverts, dans les comblements de la cavea de l'hippodrome, lors des fouilles de la zone située en face du temple d'Artémis, de la zone de l'Eglise dite «de l'évêque Marianos» ainsi que d'une zone résidentielle du decumanus méridional.
Témoins de la production de lampes de ce type ailleurs qu'à Gerasa, deux parties d'autant de moules ont été découvertes à Bet Shean, ainsi qu'une trentaine de lampes ou fragments appartenant à ce groupe, mais dont les caractéristiques indiqueraient des lampes importées de Jordanie. Ce qui est le plus intéressant à Bet Shean, c'est que seules 3 lampes ont été découvertes dans des contextes byzantins, tandis que les 28 autres proviennent de contextes omeyyades, ce qui montre bien que la diffusion du type, en tout cas vers l'Ouest et peut-être dans toute la Cisjordanie, s'est plutôt effectuée après la conquête musulmane.
LAMPES TOURNEES TARDIVES
Datation incertaine VIe - VIIIe siècle apr. J.-C.
TYPE GICHON L 3a
Forme proche du type Kennedy 16. C'est la variante B distinguée par Rosenthal et Sivan, leur variante A (plus commune) qui correspond au type Kennedy 16. Le réservoir de forme globulaire dans sa partie inférieure se resserre pour se continuer par une partie cylin-drique. Celle-ci est fermée par un "couvercle" légèrement concave, percé du trou de remplissage et bordé par un étroit rebord convexe. Anse en ruban cannelé. Bec conique. Base plate.
Texte extrait de :
Lampes antiques byzantines et islamiques du Nil à l'Oronte. Chrzanovski 2019.
Lampes de Carthage, Deneauve Jean, 1969.
Lampes antiques de Méditerranée. La collection Rivel. Jean Bussière et Jean-Claude Rivel. Archeopress, Oxford.
Copyright 2012 / 2024 - Malhac