LAMPES A HUILE BYZANTINES
? - Milieu IVe - VIe siècle après J.-C.
LAMPES AFRICAINES TARDIVES
BUSSIERE TYPE E VI 2, Atlante XVI
450 / 600 après J.-C.
La caractéristique de cette lampe tournée est sa forme inhabituelle consistant en un bol tronconique surmonté d'un dôme conique plus petit se terminant par un col évasé, de hauteur et de forme très variables, percé par un grand trou de remplissage. A la jonction de ces deux parties distinctes, court une rigole percée par le trou de mèche.
Parmi les quelques centaines d'exemplaires algériens recensés la majorité est en céramique commune. Mais plusieurs sont en sigillée africaine d'où leur présence dans Atlante (205-206).
Pendant longtemps ces lampes ont été considérées comme vandales. Les fouilles stratigraphiques internationales menées à Carthage dans les années soixante-dix ont confirmé leur production dans la seconde moitié du Ve s. jusqu'au VIe et même au-delà (Carthage I, 1976), 57, fig. 4, n°75 ; Carthage II, n°62-65, pl. 8, 235, fig. 4, n°67, 236-237, n°62-66 ; Carthage IV, 48, fig. 10, n°6, dans un niveau du VIIe s. 92, fig. 30, n°G 47, pl. 8, type similaire à celui du Dépôt XXII.6 ; Fulford et Peacock 1984, 240, n°1-3, fig. 91; Anselmino 1982, 162, notes 14 et 15 : 176B147 et III76A411 (dans le mobilier de la Mission italienne).
En Algérie où un nombre considérable de ces lampes a été trouvé, Leschi date les exemplaires de sa fouille d'une basilique chrétienne, au VIe s. et même plus tard (Leschi 1957, 95-96). La diffusion du type concerne l'Afrique essentiellement : Algérie, Tunisie et Libye. Il n'est pas exclu que le type trouve ses prototypes dans des modèles tournés largement répandus dans l'aire syropalestinienne à partir du IIIe s.
ap. J.-C. (Orssaud et Sodini 1997, 63-72). La forme africaine a-t-elle à son tour influencé certains types islamiques (Bailey 1985, n°171 et 1235, pl. 37, Sidi Khrebish) et à travers elles des séries orientales plus tardives ?
LES LAMPES ALLONGEES TARDIVES DE LA VALLEE DE L'ORONTE
Seconde moitié du Ve - VIe s. apr. J.-C.
Ce groupe de lampes, qui se distingue par un corps massif, piriforme et d'un large tenon rectangulaire ou circulaire souvent décoré, ou par une sorte de cône légèrement recourbé. Ce type à été massivement produit à Antioche entre le VIe et le VIIe siècle ap. J.C., il s'agirait d'une invention syrienne née d'une inspiration, puisée par les potiers de la région, dans les lampes africaines tardives, dont ils ont librement repris et adapté les principales caractéristiques : la morphologies générale, la présence du canal sur le bec, la forme du disque et le haut bourrelet entourant le disque, l'épaule et le canal du bec. La forme de l'anse ainsi que les motifs décorant le disque, en revanche, constituent autant d'éléments démontrant que ce type de lampes s'insère également dans la continuité des types syriens antérieurs et contemporains. Il a aussi été proposé, sans pour autant minimiser la présence de ces lampes à Antioche, d'envisager une production plutôt concentrée sur la zone d'Emèse (Hama) et des villes proches, après la publication d'un énorme corpus de lampes de cette forme issues de la nécropole de la citée. A Hama, ce type s'encadrerait chronologiquement dans une fourchette comprise entre 450 et 600 ap. J.-C.
Cette forme semble produite et diffusée majoritairement dans une zone bien délimitée, celle de la vallée de l'Oronte, en premier lieu la région comprise entre Emèse et Apamée ainsi que, vraisemblablement de façon moins massive, à Antioche, tandis que leur présence sur d'autres sites de la Syrie côtière, voire de la Vallée de l'Euphrate semble bien plus discrète. Elles sont néanmoins attestées aussi bien dans la zone d'Alep, de Gaziantep et d'Adana (à Misis et surtout sur le site de Dibsi Faraj, ou l'argile des luminaires de ce type correspondrait aux caractéristiques des ateliers d'Antioche) ainsi que, dans la vallée de l'Euphrate, sur les sites de Roumeila et d'Anab as-Safinah. A cela il faut rajouter les cinq lampes découvertes à Chypre et préservées au Musée National.
En ce qui concerne la chronologie de la production des luminaires de ce groupe, les fouilles les plus recentes, celles de la mission belges à Apamée, ont permis de découvrir pas moins de 434 lampes et 98 moules pour cette seule typologie, tous provenant d'un contexte d'abandon parfaitement daté puisque lié aux tremblements de terre qui ont ravagé la ville en 526 et en 528 ap. J.-C. Ce corpus et son contexte, même s'ils n'ont fait l'objet que d'une publication de synthèse, apportent ainsi, enfin, une chronologie précise de la production de ce type, auparavant datée avec largesse entre le milieu du Ve et le VIIe siècle. On peut ainsi estimer que le début de sa production se situe durant la seconde moitié du Ve, que son floruit a lieu durant le premier quart du VIe et que sa persistance ne dépasse probablement pas la fin de ce même siècle.
TYPE KENNEDY 20, Hoff : "Lampes à anse et bec symétriques"
BUSSIERE TYPE E VI 3
Milieu du Ve -VIe siècle après J.-C. et au delà ? (Bussière)
La lampe à un corps circulaire, profond et ventru. Dans sa partie supérieure cette coupelle se resserre en une courte section tronconique, terminée par un gros bourrelet circulaire. C'est anneau, ou sorte de col de faible profondeur, enserre une cuvette percée d'un gros trou de remplissage. Sur la section tronconique, qu'on pourrait appeler le bandeau de la lampe, on voit, en opposition, un bec et une petite anse. Pour façonner le bec, le potier a percé un trou de mèche dans le col de la lampe et a modelé devant cet orifice un gros bourrelet en demi-cercle qui prend appui sur le col. Le bec ainsi formé se détache légèrement du bassin. L'anse est plate.
Il est à souligner que toutes les lampes de type III dont la provenance est connue ont été trouvées dans des basiliques chrétiennes.
BUSSIERE TYPE E VI 4
Seconde moitié du Ve-VIe siècle après J.-C.
La lampe de ce type tardif africain a un bassin circulaire ventru assez profond auquel le potier a ajouté une petite anse conique et un bec rond qui se détache du corps exécuté au tour. La partie supérieure, aux bords convexes, porte une cuvette légèrement concave, percée en son centre d'un grand trou de remplissage. La base plate a un diamètre de 4 cm de moyenne. Teintes d'argile dominantes : jaune pâle tirant sur le vert pâle, mais aussi beige, gris, ocre, rosé ou brun clair. Cinquante-deux spécimens du type ont été recensés en Algérie. Le nombre d'attestations tunisiennes n'est pas connu. Les exemplaires algériens ont été trouvés dans une basilique chrétienne de Numidie (Berthier et al. 1943, 333) et en plus grand nombre dans la platea nord du fort byzantin de Timgad où ils côtoyaient des lampes de type Bussière E VI 2 et E VI 3 ainsi que des lampes "chrétiennes" de type Atlante X.
Datation : seconde moitié du Ve-VIe s. Leur forme préfigure les lampes de la période islamique dont la
différence principale sera l'adjonction d'un bec long et pointu (Bailey 1985, Sidi Khrebish, n°1239 -1240).
LAMPES TOURNEES TYPE III
Milieu Ve - VIIe siècle après J.-C.
LAMPES d'ABU MENAS OVOIDES
Ve - VIIe siècle après J.-C.
LAMPES CIRCULAIRES BYZANTINES
Ve - VIIe siècle après J.-C.
La caractéristique du type est un réservoir biconvexe circulaire très aplati, "lampe en galet" selon l'appellation d'Oziol,
un décor de lignes pointillées ou d'arcs de cercle pointés, tant sur le dessus qu'au revers de la lampe, absence d'anse, argile beige ou rosé. Trouvé en grand nombre à Chypre où sa production est hautement probable, le type a également été produit à Antioche comme l'atteste une centaine de fragments trouvés et des moules (Bailey BM III, 282).
A Ras Ibn Hani (Syrie) le type représente 38% de la totalité des lampes (Touma 2001). Des lampes d'un type proche mais avec un petit tenon conique et des décors différents ont été trouvées en grand nombre en Grèce (Wohl article à paraître). La relation entre ces dernières lampes, les lampes de Chypre, et celles d'Antioche n'a pas encore été clairement établie. Datation : Ve-VIIe s. (Oziol).
LAMPE PANTOUFLE BYZANTINO-ISLAMIQUES DE LA COTE LEVANTINE
6e siècle après J.-C.
Ces lampes sont caractérisées par un réservoir en forme d'amande et au profil biconvexe. Elles sont dotées d'un médaillon concave de taille réduite, une épaule toujours décorée, un bec à canal de forme trapézoïdale, une petite anse conique à l'arrière et une base en forme d'amande. L'élément le plus important pour en faciliter la reconnaissance par rapport aux types similaires et contemporains est certainement le petit trou de remplissage percé dans le médaillon, contrastant avec les autres lampes qui possèdent un large trou central entouré d'un bourrelet.
Ce groupe de lampes est particulièrement bien attesté dans une zone géographique définie, la frange cotière du nord de l'Israël et du liban méridional, s'étendant de Césarée jusqu'à Beyrouth, ou elles sont considérées comme des dérivés naturels des "Northern Stamped Lamps", un groupe de lampes byzantines bien attesté dans le nord de l'Israël, dont elles adoptent presque intégralement la forme des variants tardives du 4e siècle après J.-C. (Sussman 1989 : sous-type 5c), tout en modifiant le décor, le choix des motifs et leur organisation.
En ce qui concerne leur diffusion, des exportations sont attestées en Galilée, à Salamine de Chypre et à Anemurium (Anamur, site côtié de Cilicie).
Les fouilles récentes menées sur le site côtier de Jiyeh, situé entre Beyrouth et Sidon, associées aus découvertes de Chhîm (le "pendant" de Jiyeh à l'intérieur des terres) ont permis à Tomasz Waliszewski d'en établir une classification précise constituée de 16 sous-types (Waliszewski 2011, avec bibliographie et référence), mais aussi d'en affiner la datation, sur la base d'un recensement capillaire de toutes les lampes publiées à ce jour et aussi du corpus de plus de 260 lampes découvertes dans les deux sites susmentionnés.
Ce groupe semble ainsi naître durant la premièere moitié du 6e siècle pour ne cesser d'être produit, pour ses variantes principales, au milieu du 7e siècle après J.-C., tandis que des lampes de types dérivés survivront encore durant l'époque islamique, au moins jusqu'au milieu du 8e siècle après J.-C.
(Chrzanovski 2019)
LAMPES CIRCULAIRES DE PROFIL BICONIQUE
VIIe - VIIIe siècle après J.-C.
La caractéristique du type est un réservoir circulaire de profil biconique percé d'un large trou de remplissage, une base annulaire et un petit bec non saillant, intégré au réservoir. Le profil biconique et la plus grande profondeur de leur réservoir les distinguent morphologiquement des lampes plates, biconvexes, des types Vessgerg 20 et Waagé 49 et les rapprochent de lampes palestiniennes contemporaines comme celles du type Bagatti 1.
a - Variante sans tenon
b - Variante avec tenon conique
LAMPES PIRIFORMES TARDO-ANTIQUES DE SYRIE ET DU LIBAN
IVe - VIe siècle apr. J.-C.
Les lampes ci-après appartiennent à un vaste groupe de lampes autrefois dites syro-palestiniennes tardives, aussi appelées lampes de transitions. Or, aucun des deux épithètes n'est réellement pertinent. Effectivement, bon nombre de ces lampes ont été exhumées dans les sites majeurs du Liban, de la Syrie côtière, de la vallée de l'Euphrate, du Sud Syrien et de la Décapole Jordanienne et, en moindre quantité, de Palestine. Mais tout autant de lampes proviennent des sites méditerranéens du Sud de l'Asie Mineure, sans compter une présence bien attestée d'importations ainsi que de productions locales dans d'autres région, comme Chypre ou la Cilicie, et enfin elles semblent avoir disparu bien avant la conquête musulmane.
Ce type de lampes est caractérisé par un réservoir piriforme, à profil biconvexe. La partie supérieur, plate, comporte un large trou de remplissage, souvent entouré d'un bourrelet en relief, tandis qu'un haut bourrelet en U entoure l'ensemble du disque et du bec allongé, souvent décoré d'un motif en très bas relief mais au rendu généralement très soigné. L'épaule, très convexe, est décorée de motifs géométriques en relief et munie à l'arrière d'une petite anse conique verticale, tandis que la base, plate et ronde, est presque toujours définie par un bourrelet circulaire. Une caractéristique supplémentaire concernant la base est la décoration quasi-systématique de son centre, en relief, comprenant des motifs simples, géométriques ou même zoomorphes.
Ces lampes, très nombreuses sur les sites de Syrie septentrionale et du Liban côtier, seraient une variante macro-régionale avant tout syrienne, avec des exportations et des réinterprétations comprenant un espace compris entre la Jordanie et l'Asie Mineure méridionale, y compris Chypre. Les modèles qui ont inspiré ces productions sont constitués par les types canoniques, dépourvus du canal du bec, produites en Terre Sainte et au Sud du Liban, ou ils semblent être à la fois produits et confirmés. En Syrie, ce type apparaît au IVe siècle et persiste, avec de nombreuses mutations stylistiques mineures, jusqu'au VIe siècle.
(Chrzanovski 2019)
TYPE BAGATTI 1
VIIe - VIIIe siècle après J.-C.
Ce type se caractérise par, un corps ovoïde ou piriforme, de profil biconique, un tenon conique vertical posé sur le bandeau, un canal à bords plus ou moins courbes, un grand trou de remplissage. Le bandeau est généralement orné d'une palme ou de stries obliques, parfois d'une inscription en grec. La base est annulaire et porte des marques diverses, dont souvent une roue à huit ou plusieurs rayons, ou une croix grecque pattée. Une croix semblable peut également figurer sur le haut du canal du bec.
LAMPES "EN AMANDE" HOFF, TYPE ELGAVISH 58
Variante a, b, c
Type caractérisé par un réservoir en amande, peu profond ; un petit tenon en forme de bouton ou de pyramide tronquée ; un trou de remplissage de petite taille (sauf dans une série où il est très gros, série, un médaillon circulaire ou piriforme communiquant ou non par un canal avec le trou de mèche ; un large bandeau galbé souvent orné de motifs géométriques ; une base plate en amande. Terre ocre de nuances variées, engobée ou non. Hoff distingue quatre variantes : variante a, le disque est circulaire fermé ; variante b, le médaillon communique avec le bec par un canal placé au même niveau ; variante c, le canal est surélevé par rapport au niveau du médaillon ; variante d, le canal est sur-élevé mais le médaillon est occupé par un très grand trou de remplissage. Diffusion du type : principalement sur le littoral du Liban et au nord de la Palestine, quelques attestations à Chypre et en Cilicie.
(Collection Rivel)
LAMPES EN FORME D'AMANDE
IVe - VIIIe siècle après J.-C.
Variante a
LAMPES "D'USAYS" ou les premiers luminaires omeyyades
Milieu du VIe à second quart du VIIe siècle après J.-C.
Une découverte récente a révélé une série de productions proches à notre exemplaire n° 20121125 048, ainsi qu'un moule servant à les produire, sur le site de Jabal Says, une agglomération byzantine tardive, puis résidence omeyyade, située à 105 km. à l'Est de Damas. Ainsi, ces luminaires ont été dénommés « Usays-Lampen »,du nom probable de l'habitat à l'époque omeyyade. Ces lampes, dont certaines portent encore une croix sur le canal du bec, seraient datées des premières années de l'époque omeyyade (vers 661-2 ap. J.-C.), une datation rendue possible par un exemplaire découvert à Hammat Gader, site de la vallée du Yarmouk, près du lac de Tibériade, dans le contexte de la reconstruction des thermes (terminée en 662). A ce titre, elles sont considérées comme un témoin-clé de la transition entre les productions byzantines tardives de la région et les premières manufactures omeyyades; leur diffusion, au-delà du plateau Syrien et de la Galilée s'étend en tout cas jusqu'à la Vallée de l'Oronte, comme le confirme la découverte de lampes identiques dans les nécropoles de Hama. (EX ORIENTE LUX)
Texte extrait de :
Lampes antiques byzantines et islamiques du Nil à l'Oronte. Chrzanovski 2019.
EX ORIENTE LUX - Des lampes phéniciennes aux lumières de l'Islam. Chefs-d'oeuvre de la Collection Bouvier. Chrzanovski 2015.
Lampes antiques de Méditerranée. La collection Rivel. Jean Bussière et Jean-Claude Rivel. Archeopress, Oxford, 2012.
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