Rosenthal et Sivan soulignent la difficulté de classer les lampes islamiques précoces à cause de leur similitude et interdépendance avec les lampes de tradition byzantine. Des types créés en période byzantine perdurent en époque omeyyade où dans l'esprit de tolérance religieuse du temps, les lampes continuent parfois de porter des décors chrétiens comme la croix grecque, associés à des décors, ou des inscriptions en arabe (lampes de Jerash). Elles ont le même réservoir ovale, un répertoire décoratif le plus souvent commun et un canal sur le bec. Des anses en forme de tenon conique étaient déjà fréquentes dans la tradition byzantine. En revanche des anses courbes terminées en têtes animales ou des anses en forme de langue, recourbées vers l'avant ou de simples tenons plus ou moins larges, aplatis et inclinés vers l’arrière, sont propres à la période islamique. Les fouilles de Khirbet, Mefjer près de Jéricho, Ramleh, Pella, Beth Shearim, Gerash en Palestine, Umm al-Rasas en Jordanie, d'Antioche (Syrie) et Fustat (Egypte), aident à la datation des lampes islamiques  (Rosenthal et Sivan 1978, 130).

Néanmoins on ne peut cerner qu'une chronologie très générale, allant du VIIe au XIe siècle.

Ce groupe est caractérisé par un réservoir ovoïde, un trou de remplissage entouré d'un haut bourrelet circulaire et par un second bourrelet qui comprend aussi bien le médaillon, le canal du bec et le trou de mèche. L'épaule, toujours décorée, est plus ou moins convexe, une anse-tenon est placée à l'arrière tandis que la base, ronde, est souvent entourée d'un bourrelet circulaire, puisant ses racines dans des formes de la fin du IVe siècle. Il s'agit du groupe le plus populaire en absolu, avec une production s'étendant d'Antioche à tout le Proche-Orient, et une chronologie allant du milieu du VIIe jusqu'au XIe siècle, avec un floruit des VIIIe au Xe siècle, perdurant.

LAMPES OMEYYADES COMPACTES A ANSE CONIQUE

Fin du VIIe - début du IXe s. ap. J.C.

Ces lampes se distinguent par des décors d'entrelacs végétaux ou géométriques, parmi lesquels les ondes de triangles hachurés se taillent la part du lion. Ces lampes seraient produites de façon prédominante dans les sites de Galilée, bien qu'attestées depuis la Syrie du Nord jusqu'au Sud de la Palestine, sur la côte Libanaise et même à Chypre, ce que confirment les rapports détaillés des corpus de Bet Shean et de Capharnaüm. Les premières de ces lampes seraient à dater entre la toute fin du VIIe siècle et leur production s'étend en tout cas au début du IXe siècle, ce qui en fait le plus commun des types omeyyades, ce que confirment les lampes issues des contextes fouillés à Tibériade. A Capharnaüm  si elles sont très présentes durant les dernières années du VIIe siècle, elles sont absentes des contextes du VIIIe siècle et réapparaissent (forme avec anse recourbée) dans les contextes d'époque mamelouk.

TYPE ROSENTHAL ET SIVAN K, GROUP 1, Var. A (Anse conique), Hadad 36

VIIe-VIIIe s. ap. J.-C.

Lampes inscrites

LAMPES OMEYYADES COMPACTES A ANSE RECOURBEE

Seconde moitié du VIIIe - début du IXe s. ap. J.-C.

Ce type de lampes, se distingue essentiellement par la forme de l'anse, en forme de tenon cannelé ou, le plus souvent, en forme de ruban recourbé vers l'avant «tongue-shaped». Leur décoration, de plus en plus subtile et élégante, tend de façon prédominante vers des rinceaux ou des entrelacs englobant des motifs végétaux, zoomorphes ou géométriques. On y retrouve aussi parfois des inscriptions coufiques.

A Bet Shean, ce type n'est attesté qu'après le tremblement de terre de 749, et l'apogée de leur production, en tous cas sur les sites de la Décapole, mais aussi au-delà, s'étend durant toute la seconde moitié du VIIIe siècle et le début du IXe. Par la suite, on les retrouve, en moindre quantité, dans des contextes allant jusqu'au XIe siècle, dans tout le monde proche-oriental. (EX ORIENTE LUX)

TYPE ROSENTHAL ET SIVAN K, GROUP 1, Var. B (Anse en forme de langue), Hadad 37

VIIe-VIIIe s. ap. J.-C.

Lampes au réservoir ovale pointu fortement caréné et aplati. Bec non saillant, à canal droit orné d'un décor souvent de palme. Fort trou de remplissage cerné par un premier bourrelet doublé d'un second qui se prolonge en entourant le canal et le trou de mèche du bec. Le dessus de la lampe est décoré de motifs phytomorphes, zoomorphes, ou géométriques. L'anse verticale, en forme de langue caractéristique du type, est recourbée vers l'avant. La base est ovale cernée par une nervure.

LAMPE OMEYYADE MINIATURE A ANSE RECOURBEE

Milieu du VIIIe - Xe s. ap. J.C.

Ces lampes sont morphologiquement et iconographiquement identiques aux précédentes. Au vu de leur taille standard, comprise entre 4 et 6 cm de longueur, les artisans ont limité le registre décoratif à des motifs plus simple, in primis des entrelacs ou des successions d'éléments végétaux ou, le plus souvent, géométriques. (EX ORIENTE LUX)

TYPE ROSENTHAL ET SIVAN K, GROUP 3, (à décor linéaire) Hadad 32 var. 2

 VIe-VIIIe s. ap. J.-C. selon Hadad

On distingue deux variantes : dans la première le réservoir biconique a la forme d'un ovale pointu et le grand trou de remplissage celle d'un fer à cheval; dans la seconde, l'extrémité, côté bec, a une section carrée plus ou moins large et le trou de remplissage est rond. Dans les deux cas l'anse a la forme dite "en langue" comme dans le groupe 1 variante B, ou se résume en un tenon court et trapu, ou encore peut être conique (Modrzewska-Marciniak 1977, 144, type VI). Les bandeaux sont décorés de motifs linéaires, groupes de stries ou traits en relief perpendiculaires ou obliques.

Le trou de remplissage est partiellement ou totalement bordé par un bourrelet et communique avec le trou de mèche par un canal droit ou en V, lisse ou orné de motifs géométriques, cercles, ou triangles par exemple. La base plate elliptique n'est pas délimitée.

AUTRES LAMPES PIRIFORMES

VIIe-Xe s. ap. J.-C. selon Selesnow

Forme générale en amende, le bec terminé en pointe, percé d'un minuscule trou de mèche et souligné par un canal (ou pseudo-canal), un tenon plein et replié sur lui-même, d'une taille importante, enfin le décor couvrant toute la surface sont aussi ceux de lampes d'époque abbasside trouvées à Hirbat al-Mafdar (près de Jéricho), datées du VIIIe - IXe s. et conservées au Musée d'Israël (Israël, Avida n° 454-469).

TYPE WAAGE 58a, HADAD 40

IXe-Xe s. à Antioche (Waagé)

IXe-XIe s. à Bet Shean (Hadad)

Lampes connues en Palestine sous l'appellation de lampes de croisés (Crusader lamps). Le luminaire est fait de deux parties tronconiques inversées posées l'une sur l'autre. La partie supérieure est percée par un large trou de remplissage cerné d'un bourrelet. Une anse à ruban biseauté relie le bord du trou de remplissage au bord de la partie inférieure de la lampe. Un léger pincement face à un trou indique l'emplacement de la mèche. La forme est très proche de celle du type Atlante XVI (lampes nord africaines dites vandales, qui toutefois sont démunies d'anse. Une influence entre ces deux types des parties opposées du bassin méditerranéen a été envisagée (Orssaud et Sodini 1997, 68-71). Dans cette hypothèse la lampe africaine produite dès le Ve s. aurait influencé son parallèle oriental plus tardif.

TYPE WAAGE 60a

VIIe - VIIIe s. après J.-C.

Lampe à corps biconique circulaire, assez profond, en forme de théière. Un large trou de remplissage au centre d'une cuvette à fond plat cernée d'un anneau mince et biseauté. Anse à ruban cannelée. Bec pointu minuscule en très légère saillie. Waagé pense que ce type dérive de son type 57. Type attesté à Chypre, au nord Liban et en Syrie.

LAMPE EN FORME DE SAUCIERE

VIIe-XIIIe s. après J.-C.

Forme rare, attestée dans la littérature consultée par un seul parallèle, cf. Adler 2004, n°1018 et sur laquelle nous ne savons rien de plus.

TYPE GUALANDI GENITO 1 A

VIIe-XIIe s. après J.-C.

La lampe a un réservoir cylindrique au profil légèrement arrondi. Fort trou de remplissage entouré d'un large bandeau. Anse pleine repliée sur elle même. Long bec en pointe au trou de mèche ouvert sur toute la longueur. Base circulaire plate en légère saillie.

SANS PARALLÈLE TROUVÉ

Texte extrait de :

EX ORIENTE LUX - Des lampes phéniciennes aux lumières de l'Islam. Chefs-d'oeuvre de la Collection Bouvier. Chrzanovski 2015

Lampes antiques de Méditerranée. La collection Rivel. Jean Bussière et Jean-Claude Rivel. Archeopress, Oxford, 2012.